Billets qui ont 'huit de filles' comme mot-clé.

Mâcon - huit de filles

Départ à huit heures pour Mâcon. Les autres ne le savent pas, mais ce sera mes deux derniers jours d'aviron, mes dernières courses. Huit de filles aujourd'hui, huit mixte demain. J'espère vaguement une médaille en huit de filles, mais nous sommes à la limite supérieure de la tranche d'âge, ce qui veut dire que nous allons concourir contre des filles qui auront dix ans de moins que nous.

Il fait très beau. L'ambiance est désagréable, nous sommes six filles et deux stars qui visiblement n'ont pas envie de ramer avec nous. Elles restent ensemble, parlent ensemble, ne nous adressent pas la parole. Elles ont même trouvé le moyen de s'habiller différemment, en portant leur collant par dessus leur combinaison d'aviron, tout en nous accusant d'être vieux jeu et ne pas nous habiller comme les jeunes. Mais les jeunes que nous croisons portent leur collant sous leur combinaison. Fleur et Sybille font un double avec six filles de façon à atteindre un huit. Ce n'est pas un équipage de huit.
S. est très déçue, elle rêvait de la même chose que moi, en plus romantique encore, avec discours de motivation à l'américaine de la part de notre entraîneur.
Nous n'aurons rien de tout ça. J'essaie de la réconforter, de maintenir de l'humour ou de l'ironie.

Montage des bateaux, pique-nique chacun pour soi, transport des bateaux et mise à l'eau de façon périlleuse car la Saône est basse, le ponton est trente centimètre au-dessus de l'eau.



Nous terminons septième. Sybille repart aussitôt chez ses parents au Creusot.
Une partie des rameurs a loué des chambres à l'hôtel, cinq autres ont loué suivant un gîte, ce qui scinde les rameurs selon d'autres lignes encore. Nous dînons à l'hôtel entre rameurs présents.

Huit de filles

Lever à presque huit heures, ce qui est vraiment tard pour un jour d'aviron. Je ne pensais pas avoir du sommeil en retard.

Huit de filles, un peu bringuebalant mais qui s'est stabilisé au fur à mesure de la sortie. Quel dommage que nous ne nous soyons pas entraînées ensemble régulièrement depuis novembre, c'était si prometteur.
Il faut que j'arrête d'en parler, d'y penser, et que je passe à autre chose.

Repassage en regardant The last of us. C'est fou ce que j'aime les films post-apocalyptiques. Ils éveillent une vraie curiosité, ils représentent les peurs du siècle. Ça remplace les loups, les sorcières et les ogres.
Puis Ghost Dog car je n'ai pas résisté à «dernier jour» indiqué sur Arte.

Crêpes. Encore une attaque de cidre fou, piscine sur la table du salon.

Coupe des dames en pointe

Réveillée vers sept heures. Veronica Mars saison 3. Je descends vers neuf heures et m'empiffre de corn flakes au prétexte que je vais ramer cet après-midi.

Je sors après avoir longuement hésité sur la façon de m'habiller: collant ou pas, manches longues ou courtes? Il fait chaud dans la chambre, moins dans la rue. Je remonte et me change.

J'ai rendez-vous à midi pour remonter les bateaux. Hier j'ai repéré des magasins qui me plaisent, en particulier cette belle poire d'un mètre trente. Je me demande si elle résisterait à l'extérieur.

statue de poire à Angers


J'achète des chaussettes "Berthe aux grands pieds" (une petite fortune mais elles ne m'irritent pas la plante des pieds), des bodys Petit Bateau (cadeau de naissance), un sac à dos et un bol à céréales Pokémon (cadeau d'anniversaire), deux pulls aux manches chauve-souris (j'essaie d'acquérir une garde-robe plus cool pour les weeks-ends).

Remontage des huits. Je pense que le nôtre est mal monté (mauvaise hauteur des portants) mais comme je n'ai pas la légimité pour me faire entendre, je ne dis rien. C'est à cela que je sais que vieillis: e ne dis rien et ça me pèse à peine, je m'en moque. Je regarde les gens se planter, j'attends le moment où ils s'en rendent compe. C'est curieux à observer. Je pense à O.: «il fallait réfléchir, ils ont préféré me tuer».
Peut-être que cinq ans de folie Gilets Jaunes et antivax jouent aussi: regarder les gens se planter. Le seul enjeu qui reste est de trouver l'énergie de résister pour éviter les catastrophes qu'ils provoqueraient dans leur inconscience autosatisfaite — et pourtant la tentation est forte de les laisser faire, dans une sorte de preuve par l'absurde (et maintenant je rencontre ce même enchaînement au boulot).
(Heureusement Sibylle fera tout remonter comme il faut quand elle arrivera une heure plus tard.)

A midi j'essaie de retrouver le Cube où nous avions déjeuné l'année dernière avec H, mais il est fermé. Cela ne m'étonne pas, c'était un endroit trop joli pour vendre des hamburgers bio (je veux dire que le potentiel de loyers possible était trop élevé pour la rentabilité d'un salon de thé alternatif).
Déjeuner agréable avec Jean-Paul et Madeleine au Barbecue Party. Je mange un peu trop d'ailleurs: vague envie de vomir pendant la course. Cadence 26-28, vent, on se prend une bouée qui nous fait facilement perdre trente seconde, mais dans l'ensemble, ça se passe bien, même si nous ramons moins bien qu'à l'entraînement.

Voilà, j'ai enfin couru la Coupe des Dames avec mon club. En 2018 j'étais à Annecy (car Vincent m'avait dit non, avant de dire oui, mais trop tard pour moi puisque j'avais pris un autre entraînement); en 2019, il n'y avait pas assez d'eau; en 2020 il y avait le covid, en 2021 Fontainebleau n'avait pas de huit de filles et j'avais couru avec Bourges.
Eh bien voilà, c'est fait.

Enfin bon, si l'on voulait chipoter, on dirait que ce n'est pas tout à fait la "vraie" Coupe des Dames: du fait du manque d'eau de la Sarthe, nous n'avons pas accompli le parcours traditionnel de quinze kilomètres autour de l'île St-Aubin, mais nous sommes restées sur la Maine pour neuf kilomètres, avec deux demi-tours et le passage d'un pont aux arches si étroites que le chronomètre était interrompu pour nous permettre de passer en toute sécurité, sans précipitation.
Mais je ne vais pas chipoter.

huit de pointe à la Coupe des Dames 2022


Le soir remise des prix au palais des Congrès. Nous sommes cinquième au général (sur vingt-deux ou vingt-quatre, je ne sais plus), deuxième des coques de pointe (les bateaux de couple sont plus rapides).
Je me gave de soupe angevine, j'adore ça.

Rentrée

En milieu de journée j'ai la confirmation que je vais ramer avec Bourges, sans doute en cinquième place (j'ai proposé d'être le relais vers l'arrière). C'est un bateau sans prétention, monté pour le plaisir et la volonté de faire la coupe des Dames: deux rameuses qui l'ont déjà couru, des rameuses qui ont quatre mois d'aviron derrière elles (!! jamais cela ne serait passé au CNF, mais c'est à peu près ce que je tenterai à Pâques si rien ne change d'ici là).

Rendez-vous LREM à Fontainebleau à 19h30. Il y a une grève de bus en Seine-et-Marne depuis la rentrée, il faut rejoindre le centre à pied. Soirée un peu lente, gaie. Nous avons chacun nos dadas (le mien c'est «Macron a été élu avec des voix de gauche, il faut se placer sur la niche «prévention» et non ressasser l'insécurité»). Le constat simple est que même si «les salaires ont été nationalisés pendant six mois» (selon l'expression d'un participant), la suppression de l'ISF reste l'arme par excellence des anti-macronistes.
Nous sommes en terrasse. Nous voyons sortir les LR, masculins, grands, visages fermés, manteaux bleu marine. Nous avons au moins la satisfaction de nous dire que nous sommes joyeux et heureux d'être ensemble.

Désillusion

Ce matin huit brinquebalant, par un temps gris et doux.

A la pause café qui suit, j'essaie de comprendre la composition des huit à Angers (la Coupe des dames mi-octobre). De l'enthousiasme post-Creusot il ne reste rien. Au départ on avait parlé de deux mixtes de pointe le dimanche, ce qui logiquement donnait un huit de femmes le samedi. Mais le pass sanitaire est passé par là, certaines ne se sont pas réinscrites au club.

Je ne comprenais pas pourquoi il n'y avait pas d'entraînement en huit d'organisé, je découvre qu'il y a un huit furtif dont on ne parle pas, qui a piqué les quatre filles les meilleures (pincement au cœur de ne pas en être). L'autre huit est le regroupement des rameurs qui restent. Nous ne sommes plus que deux filles dedans, ce qui fait que le bateau sera classé en "hommes" et non en mixte.
Ce bateau ne s'est encore jamais entraîné ensemble. Quand on sait qu'à notre niveau et notre âge, 90% de la réussite dépend de notre capacité à être parfaitement synchrone…

Je suis très déçue, mais surtout je ne comprends pas ce qui s'est passé. Comment est-on passé d'une situation où on a fait le forcing pour que j'aille au Creusot à une situation où il n'y a pas de huit femmes pour la Coupe des dames et où je ne suis pas dans le "bon" huit? Est-ce parce que j'ai été absente deux semaines, parce que j'agace Micheline (du moins je crois que je l'agace. Je suis peut-être paranoïaque, mais en général j'ai un bon feeling de ce genre de chose), ou tout simplement parce que je n’ai pas le niveau? (les explications les plus simples sont souvent les meilleures).

Je termine Mes funérailles qui a l'inconvénient d'être en islandais et donc d'obliger à lire les sous-titres plutôt que d'écouter d'une oreille.
Tard le soir je me mets à Wordpress, télécharge une fois de plus Divi et me met à paramétrer et à traduire une extension de gestion de cookies pour le site de mon ancien boulot.
Je me couche bien trop tard.

Les gens qu’on aime : #7 quelqu’un qu’on voit souvent

En lisant Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qu’on voit souvent.
Là c'est la tuile. Evidemment à cause du confinement. Mais même sans cela: la boulangère? le pharmacien? le vendeur du Relais H?
En fait les gens que je voyais le plus souvent avant le confinement, le premier confinement, jusqu'en mars, c'était les rameuses du huit. Une, deux, trois fois par semaine, c'est en fait l'un des buts du huit: devenir inséparables, ce que nous avions bien du mal à réaliser.

L'étonnement c'est que nous ne savons finalement que peu de choses les unes des autres. J'ai ainsi été désarçonnée d'apprendre que Clarisse était veuve depuis deux ans: certes elle a toujours été très discrète, mais comment avions-nous pu ne nous douter de rien? Quel manque d'attention de notre part (elle a souri et m'a dit: «vous ne pouviez pas savoir»).

Nathalie affairée, Isabel serviable, Pascale coupante, Anne perfectionniste, Clarisse rigoureuse, Marine revêche et Caroline Betty Boop: c'est la liste des rameuses de la coupe de Noël il y a un an à Tours.

huit rameuses et leur barreur


Chaque rencontre hors du huit est (était) importante, car c'est le moment de nous découvrir.
C'est pourquoi j'étais heureuse que nous ayons passé une excellente soirée à quatre juste avant le couvre-feu; j'attends maintenant le déconfinement pour inviter celles qui ne pouvaient être là ce soir-là.

Cocktail entre amies

Ayant désormais abandonné l'idée de fêter un jour nos noces de perle, il ne nous reste plus qu'à boire les arrhes que nous avions versées. Nous avons donc prévu d'inviter nos amis par petits groupes.
Le premier était les rameuses du huit mais toutes n'ont pas pu se libérer. Nous étions donc quatre ce soir pour un cours de cocktail, dont j'ai retenu qu'il faut deux doses d'alcool pour une dose de sucre et une d'acidité. Un mojito n'est jamais qu'un daïkiri allongé d'eau gazeuse. (Je goûterais bien un daïkiri).

Concours de préparation de cocktails, gagné haut la main par Clarisse et Caroline.



Nous avons ri et papoté. La fille de Caroline a eu le covid récemment et Caroline m'a donné une adresse pour O. qui n'arrive pas à se faire tester. Anne qui a une grande famille bretonne nous a raconté des mariages hallucinants: «mais la belle-famille n'avait pas assez d'argent et nous étions trois cents. Or la tente ne contenait que cent cinquante places, nous avons donc joué aux chaises musicales entre chaque plat…»

Chose appréciable et curieuse, ces cocktails ne donnent pas mal à la tête. Sans doute une question d'équilibre.

Bruges

Personne ne croyait que nous courions ce matin, personne ne pensait que le temps s'améliorerait. Mais nous nous sommes donnés malgré tout rendez-vous à huit heures et demie. J'ai avalé un petit déjeuner seule (huit heures: l'heure de l'ouverture de la salle à manger. Quel touriste se lèverait plus tôt?) et je suis partie, avec au cœur quelque chose entre colère et détermination (pourquoi? je ne sais pas). Le soleil pointait mais il y avait encore beaucoup de vent.

Je suis arrivée au club, j'ai dit aux filles: «J'ai réfléchi: quinze minutes à 24 [cadence 24], puis 26, et quand on passe le pont on y va à fond.»
Nous avons regardé les skiffs, les doubles, les quatre partir avant nous. Je ne me souviens plus de rien, je ne sais plus quand nous avons emmené nos pelles au ponton, comment nous avons porté le bateau. Je ne me rappelle pas vraiment de la montée vers le départ (cinq kilomètres), Pascale me répétant que j'enfonçais trop ma pelle babord, moi prenant des repères: ici ça doit faire la moitié, là c'est la maison rouge des quatre cents mètres. Avoir été là l'année dernière était un avantage.
Nous avons beaucoup peiné pour faire demi-tour sur le canal étroit, nous sommes parties seules (pas de départ bord à bord), cadence 26 (et non 24). Et tout est allé très vite, je ne m'en souviens plus. Nous avons rattrapé un huit, nous avons été rattrapées par des quatre masculins.
A l'arrivée les filles étaient contentes (et non déçues comme à Tours où elles trouvaient que nous n'avions pas assez appuyé) et trempées (le vent provoquait de fortes vagues). Dans l'après-midi nous avons eu notre temps, 25'17''57, soit trois minutes de plus que l'année dernière. Les trois meilleures rameuses ne sont plus là (elles sont en compétition nationale), d'un autre côté nous sommes beaucoup plus entraînées qu'il y a un an, enfin il y a les conditions météo: quelle est la part de ces différents éléments?

J'ai aidé à démonter les bateaux jusqu'à une heure, j'ai avalé un petit pain rond et une tranche de jambon puis je suis partie. Douche pour me réchauffer, changement de tenue, il me manque des sous-vêtements chauds il y a tant de vent, j'empile mes deux pulls mode bibendum. La guide nous attend à la réception.

Visite guidée en français de deux heures sur le modèle de celle que j'avais faite en juillet 2017 avec O. L'église Sainte Marie la plus haute église en briques, l'hôpital Saint Jean devenu musée, grèle et averse (je pense aux Masters (rameurs vétérans) qui doivent être sur l'eau), béguinage, maison Dieu, maison du collecteur d'impôts (la taxe sur le levain de la bière), la guide raconte. Les canaux sont davantage des douves que des voies de circulation, pour dire "canalisé" ou "enterré" elle dit "voûté", quarant mille personnes ici au Moyen-Âge, puis l'ensablement et la mésentente avec Maximilien qui a poussé les commerçants à quitter Bruges (pour Gand? je ne sais plus).
Comme nous ne sommes que deux, elle nous fait entrer dans l'hôtel Crowne Plaza place du Bourg et demande l'autorisation de descendre au sous-sol: en voulant creuser un parking, les fondations de l'église carolingienne Saint-Donatien et des fresques de couleurs très fraîches ont été découvertes. L'hôtel a aménagé des salles autour et les loue.
Dans les anecdotes contemporaines, elle nous raconte que les prix des brasseries sur la place du marché sont si scandaleux qu'ils ont fait l'objet d'un rappel à l'ordre officiel (c'est passé à la télé), et comme je parle de l'immense parking sous Bruges, elle nous dit que son creusement a déstabilisé la tour de l'église Notre-Dame et que les travaux ont pris beaucoup plus de temps que prévu.

Gauffre, lait russe, hôtel pour se réchauffer.
Le soir dîner au Passage où nous pensons mourir d'indigestion en tentant de finir nos travers de porc: la portion fait trois fois la portion française. Une fois encore je pense à Astérix: «Et qu'est-ce qu'on met sur les tartines? Les bœufs!»
Je peux enfin boire une bière, il y a enfin des gueuze lambic (je déteste la bière jaune pisse d'âne amère).

L'attente

Que de boue…
Les remorques stationnent dans un champ détrempé, creusé par les tracteurs qui les y amènent. Note pour l'année prochaine: venir en bottes.

Nous avons rendez-vous à dix heures et demie pour remonter les bateaux.




Clé de 10, clé de 13, descendre les coques de la remorque (nous les filles sommes bien trop petites, quatre étages de bateaux), les mettre sur tréteaux, resolidariser les huits qui ont été coupés pour le transport (deux tiers un tiers, un quart trois quart, j'ai appris la semaine dernière que tous les huits n'étaient pas coupés à l'identique), remonter les portants, régler les hauteurs et les barres de pied.
Nous tranportons nos seize pelles au ponton, il n'y a plus qu'à attendre: nous courons dans la deuxième manche, à trois heures et demie.

Nous rentrons au chaud dans le club house. Sandwich, pâtes, tarte. Je contemple par la fenêtre les huits qui montent au départ. Comme le canal est étroit, tous les bateaux montent d'abord, les derniers à courir en premier pour être le plus au fond. Quand tous les concurrents sont arrivés, ils prennent le départ deux à deux en ordre inverse, les derniers arrivés les premiers à partir (méthode lifo en comptabilité: last in, first out).
C'est une méthode qui assure la sécurité (tous les bateaux vont dans le même sens, pas de croisement) mais qui fait que les derniers à courir ont froid très longtemps puisqu'ils sont les premiers à atteindre le départ et les derniers à le prendre.

Je contemple au chaud de la fenêtre les huits sous la pluie, dans le vent. Il y a énormément de vent qui creuse des vagues sur le canal, il pleut à verse. C'est long. Nous discutons, papotons, entre filles, avec l'équipage des garçons. Il faut tromper le stress, l'attente, il faut donner des consignes au barreur, ne pas se déconcentrer, ne pas s'engourdir ni se ramollir parce que dans quelques minutes, une heure, ce sera notre tour de sortir dans le vent et la pluie pour ramer cinq kilomètre, vingt-deux, vingt-cinq minutes. Je suis à la nage, la responsabilité est la mienne.

Je contemple le canal, j'ai peur de louper l'appel, j'appréhende de porter le bateau du champ jusque sur le ponton. Je vois des huits apponter, je ne comprends pas, la course a-t-elle eu lieu, des bateaux sont-ils passés? je n'ai rien vu, pas entendu de cris d'encouragement, ai-je perdu la notion du temps à ce point?

Une rumeur court: un huit de jeunes s'est retourné, la première manche est annulée, les bateaux reviennent.
Attente. Une décision doit être prise pour la seconde manche, la nôtre. C'est une lourde décision, des équipages sont venus de Milan, du Canada. Attente, il ne faut pas se déconcentrer malgré le peu d'envie de sortir dans le froid le vent la pluie.
Brouhaha. Annonce en flamand. What? Silence, concentration sur le filet de voix. Annonce en français. C'est annulé pour aujourd'hui.

Confusion. Monter ou démonter les huits, qui est disponible pour courir demain, la course va-t-elle être reportée, fera-t-il meilleur demain? Les organisateurs prendront leur décision à quatre heures.
En attendant, retour dans le champ pour monter les bateaux des Masters qui courent demain: deux doubles et un quatre. Problème de barres de force. Comme s'il avait obtenu satisfaction, le soleil apparaît par moments; le vent s'est calmé à quelques bourrasques près.

Il fait froid, tout est mouillé. Note pour l'année prochaine: prévoir beaucoup plus de chaussettes et de sous-pull et sous-vêtements chauds dits "techniques". Quelqu'un me donne le nom d'une marque, Ogarun: «c'est cher mais naturel, et puis fabriqué en France. On peut transpirer, ça ne sent pas mauvais. Ça fait un beau cadeau pour un jeune.»

Quatre heures, la décision tombe: les huits volontaires courront demain, à dix heures trente. Nous devons donner notre réponse, confirmer notre présence. Qui sera là, y a-t-il des rameurs qui repartent avant? Des équipages déclarent forfait car leur remorque repart dès ce soir. Les garçons s'organisent, je déplace la visite guidée de Bruges programmée à neuf heures demain. Je rentre à l'hôtel me réchauffer.

Le soir, nous dînons dans la même brasserie que l'année dernière. Débat sur un pipeline destiné à amener la bière: 5000 litres/heure annonce fièrement la carte. H. ne veut pas y croire: «C'est une blague, il n'y a pas assez de clients pour ce débit.»
Nous aurons l'explication le lendemain: ce n'est pas pour amener, mais emmener la bière qu'a été construit le pipeline. Il s'agit d'une brasserie au sens propre, d'un lieu de production, et le tuyau évite d'utiliser des camions dans le centre historique.

L'un des rameurs est corse et me remplit d'étonnement tant il correspond aux clichés d'Astérix en Corse: «Maintenant que j'ai fini cette demi-dalle, je vais balayer la demi-dalle suivante».
Caroline résume d'un lapidaire: «Ah oui, ça ne te dérange pas de parler pendant que les autres travaillent».

Non navigable

La Seine est toujours très haute. Entraînement en yolette à une semaine de Bruges.

Je n'ai jamais connu des conditions aussi exécrables. A un moment de la remontée dans le petit bras, nous avons été arrêtées net par une bourrasque de vent.

C'est embarrassant à avouer, mais G. (barreuse) est mal accueillie par le groupe. Il y a comme une fronde silencieuse contre elle, une façon de remettre en cause ses instructions qui ne favorise pas une façon de ramer sereine.
Au moment du café, un consensus venu de nulle part a décidé que nous allions essayer d'avoir Louis-Pierre comme barreur et que G. barrerait les garçons. Ce n'est pas une mauvaise solution si cela permet d'avoir des filles plus concentrées.

Palindrome day

Matinée absurde. Nous étions remontées à bloc après la séance vidéo d'hier, je suis arrivée la septième au club, Vincent attendait en tenue (ciré et vêtements chauds) pour nous suivre en canot moteur.
Il manquait deux rameuses. Vincent a entendu encore cinq minutes puis il est est retourné dans son bureau: «c'est une question de principe».
Il était neuf heures. Les rameuses manquantes sont arrivées à neuf heures et quart. J'étais en train de faire du tank à ramer pour tenter de saisir «le synchronisme avant». Entretemps les six autres avaient remonté les pelles et décidé de ne pas sortir.
Je suis rentrée à la maison. Une heure et demie de voiture pour rien.

Dans l'après-midi, je postule à une annonce de volontariat en ligne et une (sans vraiment le faire exprès: j'ai cliqué sur un bouton) de Planète urgence. On verra bien.


———

Et sinon, Twitter ne bruit que de ça: nous sommes le 02-02-2020, 33e jour de l'année. Il en reste 333.
Le prochain palindrome sera le 12-02-2021 (en Europe le 12 février, aux Etats-Unis le 2 décembre).

Synchronisme avant

De nouveau à la nage du huit. Moins tranquille. Puis séance de débrief à partir des vidéos prises dimanche dernier. C'est compliqué le geste d'aviron. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point. 50% jambes, 35% corps, 15% bras. Toute la difficulté est de planter les pelles dans la vitesse du bateau et de relayer jambes dos au bon moment.

J'ai fini le plan de mon mémoire. Trois parties, trois sous-parties, trois sous-sous-parties: vingt-sept points. «Idéalement, il faudrait avoir une idée par paragraphe.»

Selfie au cinéma avec H. à Yerres. Amusant, un Black Miror soft, plus drôle une fois dépassé la sensation de caricature.

Coupe de Noël

Troisième.
J'aurais pu — j'aurais dû — adopter un rythme plus rapide mais je ne voulais pas cramer mes coéquipières. J'ai manqué de confiance en elles et en moi. Ce sera pour la prochaine fois.

En descendant du bateau, j'ai pris Anne à part pour lui dire que si elle voulait la nage, il fallait qu'elle le dise à Vincent. Réponse: «C'est moi qui ai dit à Vincent de te donner la nage. Il me l'avait donnée, j'ai passé la nuit sans dormir et je lui ai demandé de te la donner».
Mystery solved.

A mon grand bonheur, René et mes parents sont venus.

J'ai dormi durant tout le chemin du retour.

À Tours

Boulangerie, brioche aux pralines puis je passe chercher Nathalie et Caroline et gare la voiture chez Pascale à Suresne puisque c'est sa voiture que nous prenons pour descendre à Tours (précisions minutieuses de temps de grève).

Histoires.
— Et comment es-tu devenue juriste?
— Je voulais être moniteur de ski mais je me suis fait une fracture rotative en terminale. C'était la quatrième fracture…
— Quatre? Mais tu as passé ton adolescence dans le plâtre?!
— Euh… oui. Maintenant que j'y pense, oui.
— Et alors, le rapport avec le droit?
— Je ne pouvais plus être moniteur de ski alors j'ai choisi la fac la plus proche de la montagne pour pouvoir skier au maximun.

— Je me suis dit que j'était en train de faire un reportage, pas un documentaire.
— Quelle est la différence entre un reportage et un documentaire?
— J'allais poser la question.
— Un documentaire a un point de vue, il raconte une histoire en fonction d'un point de vue.

Nous sommes parties très tôt parce que nous voulions ramer l'après-midi pour tester le bassin. Nous faisons un tour vers trois heures, nous rentrons pour passer le bateau aux garçons quand M. proteste: on lui a dit qu'on pouvait ramer une heure, elle veut faire un second tour.
— Mais il va faire nuit pour eux.
— Ça m'est égal.
Et nous avons fait un deuxième tour. Et les garçons sont rentrés à la nuit.

Dîner au centre de Tours entre nous seize. Pizzéria. Joyeuse ambiance et délires jusqu'au moment de l'addition. M. a refusé de partager (ce qui pouvait être légitime car elle avait moins mangé que nous) puis le restaurant a refusé qu'elle paie à part et que nous partagions le reste. Nous nous sommes retrouvés les seize à faire la queue en encombrant la caisse jusque dans l'escalier, avec des clients pressés et furieux derrière nous.

À la nage

Vincent a envoyé la composition du bateau. Je suis à la nage. Je pensais que ce serait Anne. Je ne comprends pas, mais ça me fait plaisir. J'espère juste qu'Anne ne m'en voudra pas trop. Si elle pouvait ne pas maugréer pendant toute la course…


Le soir réunion pour préparer les élections municipales. Unis contre NDA, c'est l'idée, sauf pour les insoumis: eux ne font pas de différence entre adversaires et ennemis. Il n'y a que des ennemis, sans hiérarchie.
Ce n'est pas plus mal, j'aurais eu du mal à travailler avec eux sans me moquer de temps en temps.

Sortie désespérante

Entraînement à une semaine de Tours. Vincent avait donné des ordres précis pour que je monte le rythme. Je pensais faire la même chose que mercredi dernier où la sortie en quatre avait été très efficace mais les rameuses en absence de cox ne suivaient pas. Je n'ai pas réussi à augmenter la cadence. Anne derrière moi a passé son temps à maugréer «on avance pas, on joue les essuie-glace», Johanna derrière elle n'était pas plus positive. Pendant ce temps je donnais des indications à Marine qui barrait pour la première fois (et Anne de donner des ordres contradictoires… j'ai fini par lui dire de se taire).

Bref, ce fut très pénible.


Le matin j'étais passé chercher Caroline, Nathalie et Anne-So, le midi je ramène Caroline, Nathalie et Anne. Paris est bouché, Caroline raconte des histoires de dessinateurs de BD (le dessinateur qui a remplacé Goscinny, je ne sais plus si c'est pour Lucky Luke ou Astérix).

Satisfactions

Belle sortie en huit. Voilà quatre fois que Vincent me met à la nage. Si cela continue, je vais être à la nage pour la coupe de Noël (course sur 9 km le 15 décembre à Tours, mais je ne trouve pas de lien sur google).
Cela m'effraie moins que cela ne m'aurait effrayée il y a un an (litote : cela ne m'effraie pas). Les heures passées à l'ergo paient (trois heures par semaine depuis juin, soit 30 à 40 km/semaine si on ajoute les sorties sur l'eau), mais aussi une conférence de Jérémie Azou sur la façon de surmonter les contraintes et une interview de sportif aux JO qui disait que le jour de la course n'était pas différent des autres jours d'aviron tant tout était devenu automatique: le but est donc de tout automatiser, les séances d'entraînement et les gestes.

Lorsque j'ai compris qu'il était possible que je sois à la nage (ce n'est pas sûr, Vincent peut changer d'avis, c'est une composition provisoire), j'ai commandé un compte-coups (stroke rate) pour la cadence. Il était arrivé ce soir, il est tout beau. Reste à apprendre à s'en servir.

L'ambiance a bien changé au sein du collectif au cours des six dernière semaines : plus retenue, plus concentrée, moins dans l'électricité survoltée (ce qui me paraissait factice — mais c'est peut-être simplement que cela ne correspond pas à mon tempérament). Les rameuses régulières sur le huit sont principalement des filles "du midi", c'est-à-dire qui travaillent à la Défense. Les filles du "week-end", celles qui habitent aux alentours, ont une vision davantage loisirs, elles viennent pour rencontrer leurs amis davantage que pour s'entraîner toujours ensemble en essayant d'améliorer leur technique.
Maintenant que chacune a affiché ses priorités (si cela a mis longtemps, c'est qu'aucune ne voulait les verbaliser, il a fallu attendre que cela se dégage de leurs actes), il est plus facile de s'entraîner sérieusement, même si cela fragilise le projet car nous sommes moins nombreuses: dès que l'une d'entre nous a un empêchement, c'est l'effervescence pour lui trouver une remplaçante disponible, motivée, ayant le niveau.

Autre sujet de satisfaction aujourd'hui: O. a enfin trouvé une chambre, à quelques pas de Denfert. Cela me soulage car je ne me fais aucune illusion sur ce qui nous attend en décembre: un blocage total des transports. Au moins lui pourra aller à la fac tout en dormant suffisamment.

Divers

Quatre à midi (difficile d'être neuf une veille de long week-end pendant des vacances scolaires) dans une typique atmosphère automnale: l'occasion de mesurer les progrès accomplis en un an. Le bateau n'a plus rien à voir. Nous sommes sur l'eau et non plus dans l'eau.

Une discussion dans les vestiaires (c'est cela de ramer à la Défense), j'apprends que le Portugal est en pointe en ce qui concerne les énergies renouvables. Il est quasi autonome et revend même de l'élécricité.

J'ai repris TBBT depuis le début dans le but d'arriver jusqu'au mariage de Leonard et Penny. J'ai terminé la saison 3 aujourd'hui, saison dans laquelle apparaissent Bernadette et Amy. Le dernier épisode contient la phrase «God, what have we done?» que nous citons souvent à la maison. (Je le note ici afin de la retrouver : car je n'aime pas citer sans source exacte).

Quand ça veut pas, ça veut pas

Quatre ce matin sous la pluie : trempés comme des soupes. Mais le meilleur bateau depuis longtemps.

L'après-midi en glandant (surfant) sur FB, je tombe sur l'info : la Coupe des Dames est annulée. La Maine est trop basse et une bactérie a amené le préfet à interdire la navigation.

Je suis dépitée. Je me suis tout de même entraînée tout l'été pour améliorer mes performances et faire partie de l'équipage.
H. tente de me remonter le moral:
— Vous ne pouvez pas faire une autre course?
— Il y avait bien Rouen une semaine avant… On avait laissé tomber, c'était trop compliqué d'emmener les bateaux d'un endroit à l'autre à une semaine d'intervalle.
— Alors c'est peut-être l'occasion ?
— Tu sais maintenant, Rouen… ce n'est pas vraiment le moment.
Il me regarde un moment sans comprendre, puis nous nous mettons à rire.









Note pour les temps futurs: à Rouen, incendie dans une usine chimique classée Sévéso dans la nuit du 25 au 26 septembre.

Le huit part en sucette

Les entraînements ne reprennent pas. Depuis que trois rameuses se sont détachées du lot en avril dernier (pendant mon arrêt maladie) pour préparer les championnat de France en double et en quatre, les entraînements n'ont jamais repris sérieusement. Entre celles qui rament en couple pour ménager leur conjoint et celles qui rament en couple pour se trouver un conjoint, il ne reste plus personne pour sortir en huit.

Ce soir ça m'a vraiment déprimée. J'ai renoncé à sortir en skiff, je me suis mise sur un ergo, j'ai arrêté au bout de dix minutes avec une envie de pleurer. (Mais qu'est-ce qui m'arrive? c'est quoi, ces déprimes express?)

Si ça ne décolle pas, je changerai de club. Je veux faire du huit, un huit de filles, courir la coupe des dames.

Retour progressif vers la normale

Huit avec le collectif garçons. Conversation de vestiaire : je suis heureuse d'apprendre que je ne suis pas la seule à me dire au milieu d'un 10000 mètres que tout cela est ridicule, je vais arrêter et aller faire autre chose.
Pascale : — J'ai passé les tests sans savoir ce que c'était. J'ai demandé des conseils à Gaëtan pour le 2000 mètres. Il m'a répondu: «ça consiste à cracher ses tripes».
Euh… Sachant qu'Anne-So m'a dit qu'elle avait senti son cœur s'envoler… ça fait pas envie.
— En fait il faut y aller à fond sur les huit cents premiers mètres avant l'acide lactique puis conserver le rythme et donner tout ce qu'on peut sur les cent derniers mètres. Et il faut savoir que même quand on pense qu'on ne peut plus rien donner on peut encore.
Je me suis inscrite pour les 10000 samedi prochain. Si je suis opérée du pied je ne pourrai pas faire de bateau pendant deux mois, mais je veux que mon engagement dans le collectif ne fasse aucun doute.

Cablage du dernier étage à travers le cagibi que j'appelle in petto "the priest hole" depuis que j'ai lu The Stranger House (Reginal Hill). Déménagement de l'ordinateur et écran du bureau d'O car c'est le prochain plafond à être repeint.

The Happiness Therapy puis The Proposition en projection sur le mur. C'est fun (pas les films, mais le fait d'avoir de nouveau un canapé pour se zoner dans un endroit chauffé après trois mois à ne pouvoir se réfugier nulle part).

Chez Virginie

Pauvre Gaston : «ils vous ont prise pour une illuminée». (Evidemment, je leur ai dit que je concevais une entreprise comme un tout organique qu'il s'agissait d'accompagner dans sa croissance et qu'il fallait être attentif à tout, à la stratégie comme aux signaux faibles. J'aurais mieux fait de leur parler de besoin de fonds de roulement. Il faut que j'identifie les mots qui sont attendus et que je les place, c'est aussi simple que ça.)

Pauvre Gaston, car j'ai été une bien piètre candidate alors qu'il m'avait fait confiance.

Le soir, dîner-buffet chez Virginie suivant le principe expérimenté chez Bénédicte.
Deux différences: il y a des hommes (un rameur du huit, leur barreur de Tours, l'entraîneur d'un autre club et Patrick) et surtout, pour une raison inconnue, personne ne s'assiera, ce qui a été épuisant au bout de quelques heures (talons haut et trois kilomètres de marche à partir de Nanterre).
Virginie possède quelques livres de chez Verdier. Ils me surprennent car ils sont délibérément présentés comme une collection à part entière. Est-ce qu'elle connaîtrait l'éditeur? Il faudra que je l'interroge.

Patrick (qui évoque plusieurs fois notre conversation du retour de Bruges: il trouve incroyable de s'être retrouvé dans une voiture avec trois autres catholiques) me dépose à l'Etoile, ce qui me permet de rentrer assez vite (important car j'ai très mal au pied: j'appréhendais le voyage train puis marche de St Lazare à Auber (ligne 14 en travaux) puis RER A puis RER D).


Dans la cuisine, les couches de peinture sont suffisantes pour donner une idée finale (les ouvriers désapprouvent ces couleurs circus).


2019-0322-peinture-cuisine.jpg

Bruges les courses

— Mais alors, tu vas passer quatre heures dans le bateau! me dit Patrick B.
Damned, je n'y avais pas pensé ainsi: mais effectivement, barrer successivement les garçons puis les filles va me faire monter dans le bateau vers midi et en descendre à quatre heures.

L'organisation est la suivante : les bateaux montent vers la ligne de départ dans l'ordre inverse des numéros de concurrents (les plus grands numéros en premier: c'est notre cas puisque le bateau des garçons est le 44) puis partent deux par deux bord à bord dans l'ordre de leurs numéros — ce qui fait que les derniers arrivés sont les premiers à courir et les premiers arrivés au départ attendent le plus longtemps.

2019-0302-Bruges-garcons.jpg


Nous montons les cinq kilomètres. J'ai des problèmes avec la coxbox (appareil qui sert à mesurer la cadence (coups/mn) et à alimenter le micro qui permet de communiquer avec les rameurs (le dernier rameur est à dix mètres du barreur). Bien qu'elle est été en charge toute la nuit, elle paraît faiblir. Nous faisons quelques exercices.
Nous avions été prévenus qu'il fallait passer sous un pont en se penchant sous peine d'être décapités: de loin c'est impressionnant, il paraît impossible de passer sous un pont si bas (mais si).

Demi-tour. Attente (le temps pour l'un des rameurs de faire pipi debout dans le bateau: j'ai refusé d'aborder par peur d'abîmer la coque. Comme me dirait la nage (le rameur devant moi): «Je n'aimerais pas être le rameur derrière lui»). La coxbox rend l'âme. Nous repassons sous le pont bas. Bord à bord au pré-start: il s'agit de s'aligner, partir, mais le chronomètre n'ait déclenché que cinquante mètres après. J'entends "go", "mes" rameurs partent, nous venons de voler le départ à nos adversaires (ce qui n'a pas d'importance pour le chronomètre, mais beaucoup pour le moral).

En quelques minutes, nous remontons trois bateaux: nous avons démaré trop vite, cela ne faisait pas une minute que les précédents étaient partis. La cadence est 26, je hurle en scandant, je scande en hurlant, plus de coxbox, la nage voudrait que je ralentisse à 22 mais je ne le lui permets pas: vingt-six, c'est normal pour une course. Je ne vois rien, je ne sais pas où nous en sommes, combien de temps avant l'arrivée?
Ils feront le meilleur temps des "loisirs" (recreaten) masculins.

Arrivée, remontée du bateau sur tréteaux pour changer les réglages pour les filles. J'avale une soupe. Il fait gris, il bruine à peine mais il ne fait pas froid. Je remonte dans le bateau. Nous repartons. Cette fois-ci je regarde les rives pour prendre des repères; j'ai vécu le premier parcours comme un rêve. Les filles résistent mieux que je le craignais à l'absence de coxbox (j'appréhendais une déconcentration découragée).

Bateau 92. Cette fois-ci c'est nous qui nous faisons voler le départ. Deux coups de rame de retard, je le verrai plus tard sur les vidéos. Les filles s'accrochent, remontent. Je scande le rythme, je sais que si Anne-Sophie tient, elles tiendrons (et je sais qu'Anne-Sophie tiendra). Soudain l'autre huit se décourage et décroche. Nous partons à la poursuite du précédent, loin devant, à une minute d'écart.

2019-0302-Bruges-floue-blog.jpg


Plus tard Anne-Sophie me dira: «quand tu as commencé à hurler j'ai cru que tu te tairais au bout de dix coups mais tu as continué». Nous rattraperons pratiquement le bateau précédent qui nous fera une queue de poisson à cinq cent mètres de l'arrivée. (La nage s'excusera quelques heures plus tard : la barreuse de ce bateau est connue pour sa maladresse).
Troisième huit loisirs de filles. Elles sont devant un bateau mixte.

Démontage des bateaux. Remontée sur la remorque. Pelles, portants, tréteaux. Attente des résultats.
Nous sommes en retard pour la réception à l'hôtel de ville pour les cent cinquante ans de la course. Tant mieux, penserai-je une demi-heure après mon arrivée : impossible de rester assise aussi longtemps après une journée de sport.

2019-0302-hotel-de-ville-bruges.jpg


Tous les clubs sont appelés tour à tour. Pour la première fois un club turc est venu, chaleureusement applaudi. Et des Italiens, des Allemands, des Anglais, des Hollandais, des Hongrois.
J'espère en l'Europe même si j'ai peur pour elle.

Restaurant. Parmi tous nos bullshit jobs, un rameur a un métier passionnant: luthier, spécialisé dans les archers, et plus particulièrement dans les archers de contrebasse.

Aller à Bruges

RV au pont de Sèvres à quatre heures.

Voyage dans la voiture d'un couple de rameurs (ils se sont mariés depuis l'époque du lac de Vouglans). Le quatrième est Patrick, un ami de Virginie. Discussion à bâtons rompus. Par chance nous avons vu à peu près les mêmes films, ce qui permet d'avoir des références communes.

Nous discutons entre autres Gilets jaunes et de la France divisée. Patrick est persuadé que tout cela remonte à la défaite de 40 dont nous n'avons pas tiré tous les enseignements. «Lis L'étrange défaite de Marc Bloch, tu verras.»

Le soir, dîner au club. Puis auberge de jeunesse (oui, c'est bien la jeunesse de ces corps enchevêtrés sur les canapés en train de boire, regarder la télé ou écouter de la musique qui nous frappe quand nous entrons dans l'auberge). Je dors avec Anne-So, les autres sont dans une chambrée de six. Je m'endors très vite.

Samedi

Temps magnifique et sortie ratée (à cause du temps magnifique?) Un équipage non concentré, deux et demie d'exercice (c'était trop, j'aurais dû arrêter avant), la peur de trop râler en tant que barreuse et une difficulté à me positionner.

2019-0216-Seine-Neuilly.jpg

Mavromatis rue Paul Doumer (c'est le deal : je vais ramer, je ramène le repas), retour décapoté (il fait 18° et plus).

C. à la maison pour aider à la mise en carton du rez-de-chaussée.
Je lis Langelot aux arrêts de rigueur. C'est curieux d'analyser le message derrière les aventures de Langelot, une certaine vision du monde — aujourd'hui influencée par le fait de savoir que Lieutenant X est Vladimir Volkoff.

Jeudi ordinaire

Voiture (bleue) le matin. Partis tard, flemme.

Temps splendide. Barré le huit (entraînement Bruges). Agathe très appliquée à la nage. Rencontré Laura dans les vestiaires (quelle émotion).

Conf call avec les zozos. Silence de mort quand je décris les bizarreries du paramétrage, quand je prédis le bordel jusqu'en septembre s'ils ne font pas appel à nous (nous tous entreprises connaissant nos adhérents), jusqu'en mai sinon.
Eux nous promettent le 15 mars. (Dans leurs rêves. En plus il va y avoir les vacances, moins de monde plus de jambes cassées.)

Dîner au "Temps des cerises".

En rentrant, vidé une étagère encore.

Photo de l'arrière-cuisine : le tuyau noir passe par l'un des trous percés par Darek dimanche. Dans le tuyau, trois fils internet en fibre optique (je ne connais pas le vocabulaire) montent à l'étage. Le boîtier blanc permet d'installer des prises RJ45.

2019-0213-fibre-cuisine.jpg

Sac de dame bis ou ter

2019-0207-sac-de-dame.jpg



J'ai posé mon après-midi pour remonter le bateau (d'où les clés de dix et la clé de treize). Je suis ensuite passée enfin m'acheter deux paires de chaussures (je n'en ai plus qu'une qui ne me fait pas mal aux pieds — depuis que je ne porte plus qu'elle, la perspective d'une opération du pied s'éloigne, mais les chaussures souffrent à être portées tous les jours), cela devenait urgent. Puis je suis allée récupérer mes livres auprès de "ma" relieuse: deux Langelot et les trois derniers tomes du Vicomte de Bragelonne. Les Langelot dans mon sac sont ceux que j'ai laissés pour être reliés.

Oulipo enfin. (thème : rebelles). Nous étions peu nombreux ce soir, huit seulement à la pizzeria. Conversations à bâtons rompus:
- les lotophages mangeaient les fruits du jujubier : ziziphus lotus;
- jusque dans les années 60 ou 70, il y avait des souffleurs de verre au CNRS pour réaliser les ampoules et verres sur mesure nécessaires aux expériences;
- (comme je parle du musée scientifique à Florence et ses magnifiques instruments de mesure) Galilée a triché: il a manipulé les résultats de ses expériences pour démontrer ce qu'il souhaitait. Sa conclusion était juste à partir de résultats truqués (quand une bille tombe elle tourne sur elle-même ce qui fausse sa vitesse par rapport au résultat attendu par le calcul).

La bouteille de rosé que l'on aperçoit sur le côté de mon sac est destiné au responsable de la logistique qui nous déménage dans une semaine: il a pris soin de nous et nous a protégées contre toute tentative de déménagement précipité. Ça vaut bien un remerciement.

Ergo III

Il manquait deux rameuses, je me suis donc portée volontaire pour la course de la Lifa le 3 février.

Me voilà donc en train de suivre le programme de notre entraîneur: 25 minutes à 85% de notre temps de référence au 500 mètres (je vous passe les discussions pour savoir s'il s'agit de temps ou vitesse), cinq minutes de pause, puis vingt-cinq minutes en alternant cinq minutes cadence 15 résistance 130 (réglage de l'ergomètre) et cinq minutes cadence 18 résistance 110.

J'espère que vous n'avez rien compris : c'est un peu notre cas. Ce n'est plus les muscles qui ne suivent pas mais le cerveau.

Rentrée beaucoup trop tard. Mais bonne nouvelle : avec une chaussette de foot pliée en deux dans le short, je ne me suis pas ouvert la peau du coccyx.

Mauvaise nouvelle sur le front des travaux : le faîte du toit à refaire et un bord en zinc à ajouter : en avril 2016 le couvreur n'a pas terminé son travail et selon le sens de la pluie, il y a des infitrations.

Rameuses

On a une peste dans le bateau.

— Mais arrête de te moquer de moi !
— Elle ne peut pas, c'est son côté flaubertien.

C'est la même qui hystérise les échanges sur Whatsapp. Elle a avoué à midi, après l'entraînement alors que nous prenions un café à trois : «j'ai tellement peur que cela s'arrête».
Il faudra que je lui explique que son hystérie-même (surjouée ou pas?) risque de faire peur à celles qui ne la connaissent pas — et donc de tuer le vivier de rameuses nécessaire à la poursuite du projet.




***
Agenda
Cinq épisodes d'Altered Carbon dans la chambre d'A., en projetant Netflix sur le nouveau papier peint. Ça donne un aspect scintillant à l'image.
— Tu veux regarder encore un épisode ?
— Oh tu sais, moi c'est comme le chocolat: on finit la tablette et on en parle plus.
Beaucoup de références dans cette série. Deux fils pour l'instant: un frère et une sœur dans un conte pour enfants, une réflexion sur l'intérêt de vivre éternellement (la façon dont occuper son temps).

Deuxième course

Les filles en huit ont été deuxièmes ce matin à Tours.
Une photo du bassin qu'elles nous ont envoyée (Whatsapp est quasi noyé sous les messages):

2018-1216-CNF-Tours-9h04.jpg




Tours (le Cher). Presque chez moi. Mon regret de ne pas y participer, c'est que René aurait pu être là.

Sortie en huit

Comme il y a une semaine ou comme il y a quinze jours ? Le temps passe si vite.
J'ai failli ne pas y aller, nous étions dix ce matin dans l'appli (le site) yaentrainement, mais plus que huit à onze heures (il faut être neuf pour faire un huit : il y a un barreur).
Evidemment problème de RER, c'est frustrant d'être désormais à Nanterre préfecture (une station de RER, changement à la Défense, une station de métro. C'est long). J'ai quasiment pris la décision de ne plus ramer en semaine en attendant le retour de l'heure d'été (pour ramer le soir puis rentrer — et non retourner au bureau).
Sauf s'il faut compléter un huit.

Belle sortie, j'adore ça : il faut être concentrées, l'épuisement cérébral — et non physique — se sent au fur à mesure de la sortie, les cerveaux manquent de sucre: d'abord replacer le tronc, tirer les talons vers soi et non les fesses vers les talons (c'est bizarre mais ça change totalement la stabilité du bateau), préparer les pelles, pousser, dégager les coudes bien écartés… à chaque coup. Impression de ne rien savoir, de tout réapprendre. Plus du tout le temps de regarder les canards ou les feuilles.

Finalement c'est cumuler tous les avantages : le plaisir de sortir dans ce bateau de temps en temps sans l'obligation de s'entraîner cinq fois par semaine.

Je suis Amy

Ce soir, l'une des rameuses nous a invitées à prendre l'apéro chez elle «pour mieux se connaître» (puisque nous sommes deux ou trois groupes à devoir se fondre: celles du midi, celles du week-end et un groupe à part car bonnes rameuses mais un peu pestes). Retour dans les petites rues de Courbevoie. Nous étions une douzaine entre vingt-cinq et cinquante ans.
L'une d'entre elles me dit comme une grande découverte: «ce qu'il y a de bien à l'aviron, c'est qu'on ne se présente pas, on ne sait pas ce qu'on fait dans la vie, on le découvre beaucoup plus tard, c'est reposant». J'ai alors réalisé que je vivais ainsi depuis des années, avec les blogs, avec les inconnus acceptés en amis sur FB: des années parfois à découvrir la situation professionnelle ou familiale de certains.
Je n'ai pas commenté.

Je raconte la soirée à H:
— Je crois que c'est la première fois que je participais à une soirée entre filles. J'ai eu l'impression d'être Amy tout excitée par ses soirées avec Bernadette et Penny.
— Bref, vous avez bitché.
— Oh, pas tant que ça.

Barreuse

Emmitouflée jusqu’aux yeux (un look d’éboueuse), j’ai barré le huit.

(Donc je n’ai pas ramé et je ne suis pas retournée à Melun. Mais ça faisait longtemps que j’avais envie d’essayer. Empathie pour les filles en train de souffrir, quand on sait exactement ce qu’elles sont en train de vivre).

Sortie en huit

Le jeudi toutes les titulaires ne sont pas là et je complète le huit de compétition loisirs. Désormais Vincent nous suit: retour aux entraînements que j’ai connus à douze ou treize ans, avec un entraîneur sans arrêt en train de parler. Amélioration par rapport à cette époque-là: le canot moteur est beaucoup moins bruyant.

Sortie très technique, épuisante, bras seuls, bras corps, préparation des pelles, pelles au carré, dégagé énergique dans l’eau.
Découragement de certaines dans les vestiaires ensuite. Elles viennent de découvrir ce que c’est qu’une sortie où on se sent nulle de bout en bout.

Ergo : le test

Ou encore : fin de partie.
Le test se passait à midi, et sans surprise je suis largement dans les choux: pas de compétition pour moi, je servirai de bouche-trou à l'entraînement quand l'équipage sera incomplet.

Mes sentiments sont ambigus, je souffre d'un "ils étaient trop verts". Je sais que je n'ai pas fait mon maximum, mais je ne sais pas si mon maximum aurait été suffisant: dès lors, n'est-ce pas une façon de pouvoir penser au fond de moi «si j'avais voulu…»? (sauf que les autres sont si loin devant que je n'ai pas ce niveau, cette puissance. Enfin, niveau… le niveau technique, sur le bateau, peut-être, mais à l'ergo, non, pas la puissance, rien à faire).

Est-ce que ça m'ennuie vraiment?

D'abord j'aurais bien aimé courir à Tours, faire venir René. Cela m'aurait fait plaisir.

Ensuite ça me vexe, je suis vexée. Et puis il y a toujours ce regret de ne pas «être douée», de n'être douée (ie exceptionnelle) pour rien. J'ai beau faire, je sais que je regretterai toute ma vie de ne pas avoir été naturellement douée dans quelque chose (ma sœur avait des aptitudes en sport. Elle avait été remarquée. Elle m'enviait, je me suis toujours demandée pourquoi: elle avait quelque chose de précieux, pas moi).

Il y a aussi quelque chose qui proteste en moi: ce test ergo, je le vis comme une brimade. Vincent a décidé de le faire pour «éviter qu'on s'engueule». Mais nous ne nous serions pas forcément engueulées. J'ai beau me dire qu'il a fait son boulot d'entraîneur, que cela lui permet d'avoir une hiérarchie, de proposer un programme, de mesurer les progressions, quelque chose en moi proteste. «Ne cours pas» ai-je envie de crier quand je regarde L'armée des ombres.
Mauvaise tête.
Mais est-ce vrai ou ne suis-je qu'en train de me justifier parce que je suis mauvaise?

Et je me dis que je vais être libérée de ces entraînements du week-end à Neuilly (je préfère Melun), que je vais pouvoir m'entraîner deux fois et pas trois (c'est compliqué depuis Nanterre préfecture), que je ne me blesserai pas à l'ergo, que je n'aurai plus cette sensation d'épuisement et que j'aurai davantage de temps pour la dissertation canonique.

Oui, je souffre d'un "ils sont trop verts".

Il y a vingt-trois ans, au lieu de faire la couillonne sur un ergo, je venais de donner naissance à ma fille. Je me demande où je serai dans vingt-trois ans.

Hors du monde

* Entraînement le matin en quatre. Décevant.
O. a bien analysé mon problème : trouver des personnes de mon niveau aussi motivées que moi pour s'entraîner sérieusement. Or celles qui ont mon niveau ont l'esprit de compétition (entre elles) plutôt que l'esprit d'équipe.
En un mot, je suis en train de m'ennuyer. Je ne sais pas quelle décision prendre. Ne plus faire que du skiff à Melun? Mais seule je ne progresserai pas. J'aimerais progresser encore (un peu).

La Seine une semaine plus tard, une heure plus tard du fait du changement d'heure.

2018-0311-Seine-la-defense.jpg


Après la sortie Isabel et moi revissons toutes les planches de pieds.


* Courses en supermarché l'après-midi.
Je le note car cela n'arrive plus souvent, une fois tous les deux mois peut-être, pour les boîtes pour les chats, la lessive, les bières ou les biscuits apéro (le fond, quoi: tout ce qui nourrit pas).
A chaque fois c'est la même surprise, la même impression que le monde m'échappe: que de nouveautés inutiles! que de raffinement dans les motifs, les couleurs! Que de bouteilles, de bocaux, de cuillères, de yaourts à la tarte tatin…

A la caisse, mon étonnement atteint son comble quand je découvre un agenda Hildegarde de Bingen. Hildegarde de Bingen! Et pourquoi pas Maître Eckhart?
J'ai ouvert, curieuse de découvrir psaumes et musique sacrée. C'était purin d'ortie et cataplasme de seigle.


2018-1103-agenda-holdegarde-de-bingen.jpg 2018-0311-agenda-hildegarde.jpg


Zut, je ne sais plus où j'ai rangé mon chocolat.


* O. regarde une émission sur Warcraft III "reforged"encore du travail? Travail terminé» «Oui mon Seigneur!»: bande son de l'enfance des enfants). Tandis que je regarde des soldats passer des quidams au lance-flammes, il m'explique que ceux-ci se transforment en morts-vivants à cause d'un virus et que le chef militaire (le prince?) a décidé de les tuer avant la transformation.
Je frémis devant la constante de ce thème à travers les âges. Je me souviens d'Edmond Michelet racontant les baraques de quarantaine à Dachau, le choix des catholiques d'accompagner les mourants, le choix des communistes de se préserver pour la société à venir et à construire… Toujours le même choix, de mythes en guerres en jeux. (Je me contente de dire à O. que cela soit un jeu me met très mal à l'aise).

Première gelée

Givre sur la voiture à sept heures. L'automne est là.

Photos en sortant du métro Pont de Neuilly: soleil tapant dans les tours de la Défense plein ouest, aube sur la Seine vers le sud. Ce qui me fascine, c'est que cela se trouve au même endroit.


2018-1027-la-defense.jpg 2018-1027-Seine-la-defense.jpg



Sortie un peu paresseuse, un peu agaçante. CR n'aurait pas dû prendre la nage.
J'ai le même problème qu'Anne-Sophie il y a une semaine: ma chaussure s'est dévissée et ne tient plus à la planche de pieds.
Le micro n'avait plus de batterie: bcp de bavardages (retransmission des ordres, donc commentaires) dans le bateau, ce qui rend la sortie incohérente. Nous en avons tous souffert.


Passé à la pharmacie pour acheter du magnésium car j'ai l'impression de perdre la tête. Donné le reste de mon paquet à deux jeunes qui demandaient une cigarette: tant pis pour eux et tant mieux pour moi.

Presque comme hier

Matin en décapotable avec H. Un croissant et des tartines au café "Les Affranchis". Métro Olympiades.

Réunion avec le repreneur de notre gestionnaire de prestations. Ils travaillent à la reprise des bases depuis janvier (2018), la bascule en production aura lieu fin décembre: «Tout est prêt. Notre seule inconnue concernant le 2 janvier, c'est le nombre de gestionnaires présents. Nous avons découvert que certains étaient de santé fragile.»

A midi huit pas tout à fait de filles (deux rameurs pour compléter) (je plaisante, ce n'est pas si important, je ne suis pas si sectaire… mais je suis impressionnée de contaster à quel point les badauds repèrent que nous sommes un bateau de rameuses, sans rameur. Je ne pensais pas que cela avait tant d'importance, que cela se voyait, se verrait, autant).

— Tu rames en huit à midi?
— Oui pourquoi?
— Tu es toujours fatiguée quand tu fais du huit.

Et c'est vrai que c'est fatigant.

Il m'est arrivé quelque chose de bizarre, j'ai perdu mes clés. Qu'ai-je bien pu faire hier après l'ergo, n'ai-je pas refermé mon casier? Aujourd'hui il était ouvert, le cadenas avait disparu. Je n'avais pas mes clés dans mon sac. Où sont-elles? Les ai-je laissées dans le vestiaire hier? Mais pourquoi quelqu'un les aurait-il emmenées sans rien voler? Et si c'est pour me les rendre plus tard, pour ne pas les laisser dans le vestiaire, pourquoi ne pas avoir fermé le casier avec le cadenas?
Je suis ennuyée, il y a la clé de la maison avec. Le trousseau se range à l'intérieur d'une bourse et je crois qu'il y a une carte de visite professionnelle dedans (pour qu'on puisse m'appeler en cas de perte), donc mon nom. Donc la maison est trouvable.
Qu'ai-je fait hier, où sont mes clés?

A. cherche un stage et devrait faire un service civique (en attendant de repasser une fois de plus son examen en juin prochain).


Le soir je prends une inscription à la bibliothèque de la Cité universitaire. Puis bureau de H. où nous discutons avec LM d'Emmanuelle Wargon pour qui elle a travaillé. Je n'ai vu E. Wargon qu'une fois, elle m'a impressionnée.

Rentrés en décapotable le long de la Seine puis par la nationale 6 sur laquelle Waze nous ramène dans sa volonté de nous faire prendre les grands axes (pour une fois, par curiosité, nous le suivons).

Allemand I - Ergo I

Comme Vincent nous impose 10000 m d'ergo(mètre, c'est-à-dire du rameur de salle de gym) pour pouvoir faire partie du huit1, je suis venue discrètement faire un test à midi. C'est très TRÈS long, on s'ennuie, je m'ennuie, j'ai envie d'arrêter. Il faudra que j'essaie avec un casque sur les oreilles.

Comme prévu, je fais un temps suffisamment mauvais pour me disqualifier : avec ce temps-là, je ne pourrais pas faire partie du huit car les rameuses sont toutes en dessous de 50 minutes (je suis à 51'59).
Pour mémoire, c'est en descendant en dessous des 2'30 au 500 mètres sur 4000 mètres en préparant le biathlon de Landy que je m'étais abîmé le dos. (Sur 4000 m on s'ennuie beaucoup moins).


Retour en allemand. J'ai raté les premiers cours de l'année à cause de l'entraînement en huit (en fait dans l'absolu j'aurais donné la préférence à l'allemand, mais généralement je m'engageais d'abord pour le huit, puis ensuite seulement jeme souvenais de l'allemand. Tant pis.)
Nous sommes nombreux, une douzaine, une quinzaine. Cette année nous étudions la querelle Brünner-Barth.





Note
1: Au début, il nous avait dit que si nous étions trop nombreuses à nous inscrire, il nous ferait passer un test d'ergo pour déterminer qui ferait partie du bateau pour les compétitions. Mais pour Angers, il n'y avait pas assez de rameuses (il y en a une qui est venue d'un autre club) et il a pourtant fait passer un test d'ergo. Donc c'est pour une autre raison, sans doute pour tester notre motivation car je crois qu'il redoute de s'investir plus que nous.

Trois et huit

J'ai fait une erreur en sachant que c'était une erreur.

Comme d'habitude j'ai fait partie des dernières à partir (le pauvre serveur ne savait plus comment se débarrasser de nous). J'ai pris un vélib (une station ouverte en bas de la rue de l'Alsacien \o/), rejoint gare de Lyon (je sais où rendre un vélib là-bas) et je suis descendue sur les quais.
Deux trains pour Corbeil. Plus de train pour Melun.
C'est alors que j'ai fait une erreur.
Je ne suis pas remontée en suface prendre un bus de nuit. J'ai pris un RER pour Corbeil en me disant que je descendrais à Villeneuve et que je prendrai un (bus) B — s'il y en avait encore un.
J'ai fait une erreur, je savais qu'il n'y en aurait pas, mais cette p** d'appli de Transdev-IDF ne se lançait pas, peut-être qu'il y en aurait après tout, et je n'avais pas envie de remonter les escaliers et de sortir de la gare.

Je suis arrivée à Villeneuve-St-Georges, il n'y avait pas de bus. J'ai marché l'équivalent de deux stations de RER, j'ai rejoint la voiture, je suis rentrée.

J'ai dormi trois heures.
Le lendemain, je me suis demandé pourquoi je n'avais pas appelé O. A une heure du matin, il devait être encore sur WoW, je ne l'aurais même pas réveillé.
Prise dans mes souvenirs, la nostalgie, les pintes de bières aussi, je n'y ai pas pensé.


Le soir, à nouveau un entraînement en huit. Je me rends compte que je n'ai rien expliqué mardi dernier: finalement le club va présenter un bateau à la Coupe des dames, mais les circonstances font que je ne ramerai pas dedans.
Ce huit s'est constitué à la rentrée, en septembre, avec les filles qui ne s'étaient inscrites ni à Annecy, ni en stage. Il a donc disposé de cinq semaines pour s'entraîner. Un groupe Whats'app a été constitué, et nous avons reçu via ce groupe un appel à compléter l'équipage les soirs où des rameuses "titulaires" n'étaient pas disponibles. J'ai décidé de ne pas bouder mon plaisir et j'ai répondu à l'appel. Anne-Sophie en a fait autant, et nous voilà à ramer en entraînement pour une course que nous ne ferons pas.
Ce soir, c'était très agréable. Beau temps, bateau plus cohérent que mardi, mieux équilibré. Plaisir de rentrer dans la nuit qui s'avance, reflets des réverbères sur la Seine.

Métro, RER. Je rentre. Je suis cuite.
A. est là. je n'avais pas compris qu'elle arrivait ce soir.

Huit

Un entretien au siège à 8 heures du matin.

Je rate le deuxième cours d'allemand à 16h30 car je me suis engagée à compléter l'équipe du huit qui court à Angers le 14: il lui manque des rameuses pour deux entraînements.

Le bateau est encombrant et va vite, il demande beaucoup de concentration. Nous ne sommes pas réellement ensemble, il manque des heures et des heures d'entraînement en équipe. C'est un bateau qui doit permettre d'atteindre l'osmose. C'est exigeant (c'est pour cela que j'en rêvais. Il y a une course à Tours le 9 décembre, mais mes réflexions et calculs en Grèce m'ont fait aboutir à la conclusion que je ne vais pas y m'inscrire. Inutile de m'épuiser à mettre trop de choses dans le calendrier. Cela devient suffisamment compliqué comme ça).

Nous terminons l'entraînement à la nuit tombée. Il faut rentrer, je fais des mauvais choix entre la ligne 1 et le RER A (je rejoins le RER A à Charles de Gaulle pour aller plus vite mais il arrive puis reste en gare de longues minutes car survient un incident à Auber juste devant nous) puis attend dans la confusion gare de Lyon (vingt minutes de retard avec des trains qui changent de quai). Difficile de rester immobile avec les muscles brûlants.

Coup de geule (déception)

Il y a deux jours, nous (les filles) avons reçu ce message de notre entraîneur :
Bonjour à toutes et à tous,

La coupe des Dames à Angers est programmée cette année les 13 & 14 octobre. C'est une compétition en huit ouverte aux Loisirs et compétition en Open). La longueur du parcours est de 15 km.
La compétition Dames a lieu le samedi à 15h et la compétition Homme le dimanche à 10h.
Nous disposons d'une place pour un huit dans la remorque de Port Marly et nous ambitionnons de présenter un équipage Dame et un équipage Homme.

Cette manifestation est une course réservée aux rameuses et rameurs motivés et de bon niveau (aviron d'or et d'argent et capable de se mobiliser à l'entraînement avec régularité. En fonction des profils, des candidatures des brevets de bronze peuvent aussi être retenues). Si vous êtes intéressés faîtes le savoir par mail à Vincent avant le 22 juillet en mettant JP en copie.

La sélection pour constituer les équipes sera ensuite faîte par les entraîneurs, éventuellement après un test de performances sur ergomètre.

Les détails pratiques d'organisation vous seront communiqués en septembre.
Déception profonde : comment, après m'avoir dit non, c'est oui, alors que je ne peux plus participer puisque je me suis engagée pour la randonnée sur le lac d'Annecy auprès d'Anne-Sophie?
Ainsi à la liste des hommes ayant trahi s'ajoute maintenant Vincent. J'ai voulu que les choses soient claires.
Cher Vincent,

Je dois avouer que je me sens trahie sur ce coup-là.

En décembre quand je t'en ai parlé (et que nous aurions eu toute une saison pour s'entraîner) tu m'as répondu que "ça te pétait les couilles un bateau de filles" et "vous serez bien contentes de trouver des mecs pour compléter votre bateau".

Devant tant d'enthousiasme et d'élégance, j'ai laissé tomber.
Je ne me suis pas inscrite au stage organisé par Dominique et Jean-Pierre le 14 octobre pour conserver malgré tout la date libre au cas où.
Puis quand Anne-Sophie qui organise la randonnée d'Annecy a dit qu'il lui manquait du monde toujours ce même week-end, j'ai dit oui, parce que cela permettait de poursuivre notre équipage des impressionnistes.

Et maintenant on nous sort la coupe des dames d'un chapeau... Et d'autres iront faire cette course que j'avais tant désiré préparer sérieusement (soit sur neuf mois et pas trois).

Bof. Alice
Le plus surprenant c'est que Vincent ne s'est pas excusé ou n'a pas botté en touche (un simple «Désolé, les circonstances ont changé. Je suis navré que tu sois aussi déçue»), non, il a attaqué avec agressivité, sans reconnaître sa vulgarité de novembre (en m'accusant quasi de mentir alors que la conversation a eu lieu devant témoins), sur un ton victimaire qui m'a rappelé celui de GC.

En y réfléchissant, je me dis que le point commun entre ces deux hommes doit être qu'ils manquent énormément de reconnaissance dans leur boulot.

Vincent a terminé son mail en proposant "d'échanger". Je n'ai rien à ajouter. On ne va pas pleurer sur le lait versé, surtout que je suis désormais décidé à quitter MaGrandeEntreprise et fuir Nanterre préfecture et La Défense. Je veux seulement continuer à ramer au club aussi longtemps que possible.
Nul besoin d’échanger : tu as dit ce que tu pensais, j’en ai fait autant. Sujet clos pour 2018 pour ma part. Je poursuis les engagements pris avec Anne-Sophie.

Je suis dispo pour encadrer ce soir.

Bonne chance aux filles.

Bise
Alice

Mardi

Je me réveille avec un sentiment de soulagement: A. va remettre aujourd'hui son mémoire et son dernier rapport de stage. Nous revenons de loin mais we did it ! Je suis fière de nous.

Il fait très lourd, un temps que je déteste.
Quatre, presque le même que la dernière fois, mais moi à la nage et Marc au un. Toujours aussi cahotique, impression de se battre contre le bateau. Pas de glisse.
Dans les vestaires je parle avec Agathe qui était en yolette. Elle non plus n'a pas fait une très bonne sortie: «à l'intérieur mon cœur pleurait», et c'est aussi mon sentiment, bien que je l'aurais exprimé de façon plus optimiste: «si nous avions été quatre de nous cinq, qu'est-ce que cela aurait donné?»
Deuil de notre équipage de cinq.
J'envoie un mot à mes quatre complices pour organiser un pot ensemble un de ces jours. Je voudrais en profiter pour leur proposer de rajouter trois ou quatre rameuses à notre groupe pour monter un huit (soyons obstinée).

Un pot avec Jean-Marc. Il fait une overdose de Vatican II. «Non mais il y a un pape qui dit blanc, et le suivant dit noir en citant le précédant pour assurer la continuité et tout le monde applaudit. Je n'en peux plus de cette hypocrisie.» (Il me fait peur car il prédit après François un pape très réactionnaire. Or quand on voit l'après-Obama…)
Jean-Marc songe à se convertir au protestantisme. Je lui promets de lui offrir ce jour-là les œuvres de Newman.
«Tu veux te convertir pour beaucoup de raisons "contre", tu devrais en trouver quelques-unes "pour".»
Nous disons beaucoup de bêtises et c'est très satisfaisant. (Un de nos prêtres professeur qui serait un "cuir" façon Foucault… Ça me le rend plutôt sympathique (mais il m'était déjà sympathique).)
Très bon cocktail «St Germain». Presque un Hugo.


Cours, sans doute le dernier, de liturgie. C'est pratiquement une discussion, un partage d'expériences, structurée par l'histoire et la géographie.

Pendant des siècles l'accompagnement liturgique [catholique] de la mort allait de la chambre du mourant au lieu de l'ensevelissement (pas forcément en passant par l'église : car on ne faisait pas entrer un mort dans une église (restes des commandements juifs: un cadavre rend impur). Même si à d'autres moments on enterrait les morts dans les églises. Les deux sont vrais).

Le prof (moine): «Moi je pense que ne pas réfléchir à la mort, c'est un grand danger pour l'équilibre dans la vie. C'est de la vieille sagesse païenne, c'est les Grecs.»

«P. Gy : recension de quinze pages sur le livre de Philippe Ariès, L’Homme devant la mort (alors que P.Gy écrivait généralement dix lignes).»

Le cimetière des capucins de Palerme.
Le corps dont on se débarrasse.
Les urnes dans les maisons qui rendent fous.
Les familles qui se ruinent pour des funérailles (en Afrique, selon le témoignage de séminaristes (laissant les veuves misérables)).

Lundi de Pâques

Personne au club. Franz m'a autorisée à sortir en fun skiff. La Seine a descendu d'une vingtaine de centimètres en deux jours, l'accès au ponton se fait à pied sec. Pas de vent, un bassin très lisse.

Fini Une étrange affaire. 1981. L'année Mitterrand.
Le 7e juré. La France en 1962. Comme dans Le dossier noir, la pression de la bourgeoisie de la ville. Quelque chose de flaubertien.
Commencé Espion lève-toi sans aller jusqu'au bout. Rappel d'une autre période de terrorisme en Europe. Comme dans Un papillon sur l'épaule, confusion et difficulté à donner un sens aux événements : les années 70, 80?

Reçu un coup de fil d'un"rameur du week-end" (au club il y a les rameurs du midi (qui travaillent à la Défense) et les rameurs du week-end (qui habitent à Neuilly) : deux mondes) qui relance le projet de la coupe des dames. Je suis intérieurement sarcastique (ah tiens, les rameuses du week-end répondront-elles à un appel de l'un des leurs quand je n'ai pas réussi à les intéresser?) mais lui fais bon accueil : participer à cette course m'intéresse davantage qu'avoir le titre d'organisatrice.

Vincent est à la maison pour deux ou trois jours. Il est arrivé assez tôt à cause de la grève de demain. H. et Vincent ont pris Guillaume en stage et c'est étrange de prendre en stage quelqu'un qu'on a vu naître et grandir (caprices compris). Il faut oublier tout ce qu'on sait de lui par ailleurs pour faire face à la personne désormais adulte.

Pour donner raison à Catherine Deneuve

Brigitte et Jocelyne discutent dans mon bureau de l'intérêt de travailler au CE (comité d'entreprise) : autrefois, c'était intéressant, mais désormais l'ambiance est très mauvaise, notamment à cause de LM, un petit chef méchant et vulgaire.

Brigitte : Non mais tu t'rends compte ?! Un jour, LM a répondu à Hélène : « Et si t'es pas contente, suce ma bite! » Non mais tu t'rends compte ? T'imagines Nicolas1 dire ça ?
Jocelyne : Tu répondrais oui tout de suite !

Et d'être prises de fou rire (moi aussi).



------------------------
Agenda :
Matin jeu de piste à Nanterre préfecture, dans et hors des nouveaux locaux du groupe (il pleut, il fait froid).
Midi rendez-vous à l'aviron avec Jean-Pierre et Dominique : peut-on envisager de faire la coupe des dames sans les rameuses du week-end, uniquement entre rameuses du midi ?


Note
1 : Nicolas est le directeur d'un département, le N+n de Jocelyne : quarantenaire beau, courtois et charmant.

Le chaud et le froid

Anne, la rameuse que j'avais contacté le 29 décembre sur les conseils de JP m'envoie un SMS pour me dire qu'ils sont quelques-uns à ramer en huit le samedi, hommes et femmes mélangés, et à la réflexion elle n'a pas vraiment envie de casser cette chaleureuse ambiance.
Je crois qu'elle manque l'objet du huit que je propose : la compétition, une compétition, quelque chose avec un enjeu, autre chose que de simples sorties pour prendre l'air et transpirer. La perspective de forger une équipe dans l'effort.
Cela me faisait envie.

Donc mon lumbago m'a fait abandonner, Dominique m'a redonné espoir, Vincent m'a fait abandonner, Jean-Pierre m'a redonné espoir, Anne tend à nouveau à me faire abandonner… Je ne sais plus quoi faire.
Je vais en reparler à Jean-Pierre, suivre l'avis de Vincent en tentant de monter en huit toutes les fois où cela sera possible… et me mettre à faire mon CV : car c'est la perspective de ce huit qui me retenait de chercher un poste qui m'éloignerait de la Seine.
Si ce projet de huit ne prend pas forme, rien ne me retient à la Défense.

Le huit, nouvel espoir

JP a eu vent de mon projet de huit (par Dominique) et m'appelle sur mon portable. Nous discutons, moi marchant de long en large dans la cafétéria de l'IPT en attendant le cours d'allemand.
JP est responsable de la section loisirs et fait partie du bureau directeur, il trouve l'idée intéressante, il existe un groupe qui sort le week-end, je devrais le contacter… et je sais bien que pour que le projet se concrétise, il lui faudrait un appui des rameurs du week-end, ce n'est pas pour rien qu'à l'origine je voulais faire lancer le projet par les rameuses qui vont ramer entre elles à Vouglans.

JP m'envoie une liste de filles potentiellement intéressées en m'indiquant qui contacter tout d'abord. Je vais essayer, après tout je n'ai rien à perdre.

Finalement non

Après avoir écrit aux rameuses j'ai mal dormi : j'aurais peut-être dû prévenir Vincent, qu'allait-il dire ? Si le projet prenait forme, il faudrait que quelqu'un conduise la remorque pour emmener le huit… (et déjà de m'imaginer passer l'été à passer le permis remorque). Je lui ai donc envoyé un sms pour le prévenir, auquel il a répondu un laconique « On en reparle ».

J'aurais dû me douter que l'absence d'encouragement de ce message était un message décourageant. Ça ne m'était pas venu à l'idée car pour moi il présentait un triple avantage : solidariser "les midis" et "les week-ends" autour d'un projet commun, donner une visibilité aux loisirs-CNF dans une course connue et augmenter le niveau des rameuses en leur permettant de s'entraîner avec un objectif.

Lorsque j'ai abordé le sujet, Vincent m'a accueilli d'un charmant : « L'idée d'un huit de filles me casse les bonbons ».
Le style ne m'a pas surprise, mais le fond, oui, et la façon catégorique dont c'était exprimé.

La coupe des dames

Au printemps, je voulais profiter du stage d'aviron de mars pour rencontrer des rameuses du week-end et les motiver autour d'un projet : courir la coupe des dames en octobre prochain. J'en avais parlé dans les vestiaires, certaines rameuses, des rameuses "du midi", étaient intéressées. Le problème était de toucher les autres, celles du soir et du week-end.

Mon lumbago m'a empêchée de ramer de mars à juin, puis il y a eu les vacances. J'avais abandonné l'idée, surtout que mon déménagement professionnel en avril 2018 à Nanterre préfecture rend la perspective des entraînements plus difficile. Mais en octobre Dominique m'a demandé des nouvelles du projet et cela m'a remotivée: ainsi donc, quelqu'un était suffisamment intéressée pour me relancer ?

J'ai épluché les mails des dernières années pour trouver les adresses mail de vingt-cinq rameuses susceptibles de participer et je leur ai envoyé un mail hier soir à 23h53. Il faudrait que nous soyons dix à treize.
Pour le moment nous sommes cinq.
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.